La Cour suprême du Honduras doit maintenant ratifier les peines prononcées à l'encontre des personnes coupables de l'assassinat de Berta Cáceres

Date de publication : 
Jeudi, 16 mai 2024

Berta Cáceres, leader écologiste et coordinatrice du COPINH, a été assassinée le 3 mars 2016 pour sa résistance au barrage d'Agua Zarca.
 

En tant que mouvements sociaux, peuples autochtones et organisations de défense des droits de l'homme de 76 pays, formant collectivement le Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels (ESCR-Net), nous sommes unis dans notre demande de justice pour le meurtre tragique de notre chère amie et collègue Berta Cáceres. 

Plus de huit ans après son assassinat brutal, nous sommes profondément préoccupés par les longs délais de la procédure judiciaire, qui soulèvent de graves questions quant à l'accès à la justice au Honduras. De nouveaux retards renforcent un système d'impunité plus large, commun à beaucoup de nos pays.

Berta Cáceres, coordinatrice du Conseil des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH), était une fervente opposante au projet de barrage Agua Zarca sur le fleuve sacré Gualcarque, un projet lié à des violations flagrantes des droits de l'homme et de l'environnement. Son assassinat en mars 2016 est un sinistre rappel des dangers auxquels sont confrontés ceux qui osent s'opposer aux intérêts puissants pour défendre la Terre et ses peuples.

En réponse à la pression internationale et à la campagne incessante menée par les activistes et les défenseurs des droits de l'homme, d'importantes procédures judiciaires ont été engagées. David Castillo, ancien cadre de Desarrollos Energéticos (DESA) et figure de proue du projet Agua Zarca, a été condamné en juin 2022 à plus de 22 ans de prison pour son rôle de coauteur du meurtre de Berta. En outre, sept autres personnes ont été condamnées en novembre 2018 à des peines allant de 30 à 50 ans de prison pour leur implication directe dans le crime.

Cependant, la confirmation finale de ces peines est toujours attendue, ce qui exacerbe l'angoisse de la famille et des sympathisants de Berta, et souligne les retards et les obstacles endémiques qui caractérisent notre lutte contre l'impunité. Cette incertitude judiciaire prolongée est inacceptable et ne fait que perpétuer les cycles de violence, de corruption et d'impunité.

Nous demandons donc instamment à la Cour suprême de justice du Honduras de finaliser sans plus tarder les procédures judiciaires liées à l'assassinat de Berta Cáceres. Il est impératif que toutes les personnes impliquées, y compris les commanditaires de ce crime odieux, répondent de leurs actes. 

La Cour suprême de justice a la possibilité et l'obligation de protéger le droit à la justice de Berta, de sa famille et du peuple Lenca, et de s'attaquer à l'abus de pouvoir des entreprises qui utilisent la violence contre les communautés indigènes pour leur propre profit, causant des dommages irréparables à l'environnement et menaçant la survie de leur peuple.

Alors que nous continuons à élever la voix en solidarité avec la famille de Berta et tous les défenseurs des droits de l'homme, nous rappelons à l'État hondurien ses obligations internationales en matière de droits de l'homme, qui consistent à respecter et à protéger ses citoyens et à veiller à ce que la justice l'emporte. Le monde reste vigilant et notre détermination à soutenir la justice et la responsabilité au Honduras reste inébranlable.

Pour Berta, toute vérité, toute justice.

Ressources supplémentaires :

*Pour en savoir plus sur le cas de Berta et sur la lutte des peuples Lenca, veuillez consulter le site du COPINH à l'adresse suivante : https://copinh.org/category/berta-caceres/

Vous pouvez également lire le rapport ainsi que la déclaration de l'Initiative méso-américaine des femmes défenseurs des droits de l'homme ( IM-Defensoras).